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samedi 22 octobre 2011

colonisation et conquête de Madagascar


Exposé : Colonisation et conquête de Madagascar


A quelles difficultés les français doivent-ils faire face pour affirmer leur autorité sur Madagascar ?

I) Une prise en main laborieuse et maladroite.
1- Le protectorat sans nom (le statu quo).
2- L'expédition de Duchesne.
3- L'incurie française.

II) La pacification, instrument de la domination totale.
1- La politique de la tâche d'huile.
2- La francisation et la lutte contre l'influence britannique.
3- La consécration du pouvoir colonial : la chute d’un trône.



            La Troisième république est caractérisée par un suivi et une expansion de la politique coloniale. La France représente le deuxième empire colonial derrière l'Angleterre. L'empire français comprend environ 12 millions de km² et 70 millions d'habitants à son apogée en 1939. Les expéditions coloniales sont un moyen pour la France de retrouver sa place dans le monde après la perte de l'Alsace Lorraine. La politique expansionniste est encouragée par les milieux d'affaires où certains voient une base pour s'établir dans l'océan indien auquel le canal de Suez donne un intérêt. De plus, dans le cas de Madagascar les députés Réunionnais revendiquent Madagascar comme étant leur propriété et en demandent la conquête ou au moins la possibilité de s'y installer et de commercer.
            Madagascar, aussi surnommée l’île rouge se situe à 400km du Mozambique et couvre une surface de 590 000km² qui vaut presque le territoire de la France qui est de 680 000 km². Elle a pour capitale Tananarive située au centre de l'île (cf carte).
L’île est dominée par un clan, les Merina, ayant fondé un royaume dont le principal architecte fut  Radama Ier régnant de 1810 à 1828.  Ils sont alors fixés au centre de l’île, lui-même couvert de rizicultures irriguées et densément peuplé par rapport au reste de l'île. Cette royauté a noué des liens durables avec l’Angleterre, en effet, Radama Ier avait négocié l’aide militaire britannique, et sa lignée prend vite le parti du protestantisme, la religion anglaise, à cause des nombreux missionnaires anglais envoyés pour convertir les colonies. Le royaume malgache est ainsi soutenu par le Foreign Office (ministère des affaires étrangères) et la London Missionary Society.
            Cette présence anglaise déplaît à la France qui attache une certaine importance à Madagascar, et revendique des droits historiques remontant au XIIe siècle sur l’île. En effet, les français s’étaient déjà manifestés au XVIIe siècle en fondant Fort Dauphin au sud-est de l'île. Les anglais ont profité de la guerre de 1870 pour dépêcher les missionnaires protestants sur l'île. Au final, les deux empires vont s'entendre et l'Angleterre laisse la main mise de Madagascar aux français.
Lorsque les français parviennent à Madagascar ils sont confrontés à une île où l’unité politique est inachevée, voire inexistante. Par exemple le sud de l’île, un tiers de sa superficie totale, apparaît comme insoumis et la bande Ouest de l’île ne l’est guère moins.
            La France, pressée par les lobbies réunionnais et les lobbies d'affaire commence alors une conquête qu'elle imagine sans problème particulier. Cependant, elle va se confronter à de nombreux ennuis imprévus qui retarderont d'autant l'entrée définitive de l'île dans l'empire français.
            A quelles difficultés les français doivent-ils faire face pour affirmer leur autorité sur Madagascar ?
            Pour y répondre nous étudierons tout d'abord les difficultés des français à s'établir de manière durable sur l'île. Puis nous verrons comment la France parvient après de nombreuses difficultés à pacifier la région.

·Une prise en main maladroite.
·Le protectorat sans nom.

            La volonté colonialiste française approuvée par l'opinion publique constitue pour Rainilaiarivony, le ministre dirigeant Madagascar, un danger qu'il n'a pas immédiatement perçu. Il entretient avec la France des rapports conflictuels, son attitude est dilatoire, il refuse de traiter franchement les problèmes. Les relations franco-malgaches s'enveniment donc rapidement. En mai 1882, la France cesse toutes relations. Prenant peur et voulant éviter une guerre le ministre envoie Ravoninahitriniarivo, son neveu et ministre des affaires étrangères, en Europe et aux États-Unis à la tête d'une ambassade. Son but n'est pas de traiter le conflit franco-malgache puisque ses hommes ont reçu l'ordre de ne céder sur rien. Il veut plaider sa cause devant les grandes puissances pour qu'elles fassent pression sur la France. Cette délégation est un véritable échec, à tel point qu'à son arrivée à Paris la France ordonne le début des hostilités et s'empare de la ville portuaire de Majunga en mai 1883. La France soumet alors au ministre malgache un ultimatum. La France demande la cession de Madagascar au nord du 16e parallèle dans la région de Diégo-Suarez (cf. carte), le droit de propriété pour les français, l'indemnité d'un million pour les héritiers Laborde (ancien ambassadeur français de l'île décédé). Cet ultimatum est rejeté en bloc ce qui donne un bon prétexte à la France pour généraliser les hostilités.
            Les opérations militaires sont menées par la marine française. Appuyés par les canons de leur flotte les français se sont emparés de quelques ports comme Tamatave. Les malgaches, encadrés par des instructeurs britanniques se sont retranchés hors d'atteinte des lignes de tir française et occupent solidement leur position. La situation n'étant pas mesure d'évoluer on commence à négocier en combattant. Toutefois, aucune des deux partis ne veut faire évoluer ses positions. Au final, le 17 décembre 1885, Rainilaiarivony signe au nom de la nouvelle reine de l'île Ranavalona III un traité. Le traité ne résout en fait rien puisque les versions malgaches et françaises sont différentes selon les interprétations que chacun des deux partis en fait. La France veut un protectorat mais le ministre qui craint son opinion publique refuse le mot. Les deux pays transigent : un résident général français est chargé de présider les relations extérieures avec Madagascar mais les malgaches interprètent le texte en comprenant « les relations à l'extérieur de Madagascar ». La France obtient la mise en place d'un résident général Le Myre de Vilers qui s'installe à Tananarive et de vices résidents, en plus on obtient une meilleure protection des ressortissants.
            Le ministre se mit alors à tout faire pour retarder le plus possible les concessions faites à la France. Par ailleurs, la situation dans le pays devient critique après 1890, le ministre âgé et affaiblit rencontre des oppositions de plus en plus forte encore dispersées mais auquel la reine peut servir de catalyseur. Les fonctionnaires incapables et négligeant n'arrivent plus à maintenir l'ordre. Les Bara, par des incursions répétées ont crée une insécurité croissante. Les bandes de pillards ravagent la région et attaquent les voyageurs dont de nombreux européens pour les quel le résident général demande excuses et sanctions.
            Devant cette déliquescence du pouvoir royal une active propagande est menée à Paris pour une action rapide de la France.

·L'expédition de Duchesne.

            Rainilaiarivony ne s'imagine pas que la France pourrait se décider à une action brutale. Il n'a surtout pas compris que la convention franco-britannique du 5 août 1890 dans laquelle la Grande Bretagne en échange de Zanzibar a reconnu le protectorat français sur Madagascar livre désormais son île aux volontés expansionnistes françaises. En juin 1894 le Parlement français a donné au gouvernement tout les moyens d'agir et organise un corps expéditionnaire. La France tente une ultime démarche de conciliation en remettant au ministre dirigeant un ultimatum qui établit un protectorat réel. Le Premier Ministre refuse et au lieu de répondre dans les délais prévus il envoie un contre projet totalement irréaliste.
            Le 27 octobre 1894, Le Myre de Vilers amène son pavillon, la guerre est déclarée. Les hostilités débutent le 12 décembre 1894 Tamatave est occupée, le 15 janvier 1895 Majunga est également occupé. Le corps expéditionnaire arrive en février. Les forces françaises commandées par le général Duchesne sont importantes, il dispose de 15 000 hommes, 7 000 convoyeurs chargés de 7 000 mulets. Cependant, cette expédition spectaculaire est régie par une très mauvaise préparation. Le plus grand problème est le manque de moyens sanitaires,   5 756 soldats sont morts de maladies contre 19 qui ont été tués au combat. Côté malgache, le désordre est complet, les résidents de l'île n'opposèrent presque aucune résistance leurs troupes mal équipées battent en retraite ou abandonnent au premier coup de feu. Malgré les ravages causés par les maladies (la malaria et la dysenterie) les troupes françaises arrivent a avancer d'Andriba, la forteresse fantôme malgache où Duschene s’attendait à rencontrer une résistance acharnée, vers Tananarive. Finalement après cinq mois le général Duchesne et une colonne de 3 000 hommes parviennent à la capitale de l’île. La bataille s'engage le 30 septembre pour la capitale qui capitule sans résistance après quelques tirs de canons français. Le 1er octobre 1895 le général fait son entrée dans la capitale et présente à la reine Ranavalona un nouveau traité faisant cette fois de Madagascar un protectorat français officiel. Avant son départ, Duchesne fait exiler Raïnilarivoune, premier ministre et époux de la reine à la réunion, le faisant remplacer par un agent plus sensibilisés aux intérêts français. A part cela, les français laissent en place le même personnel politique sur lequel ils pensent pouvoir s'appuyer.
            Au début tout se passe bien. L'ordre se rétablit lentement, l'armée française, placée en garnison évacue le pays au fur et à mesure. Le général Duchesne est remplacé par un résident général civil, le préfet Hippolyte Laroche. Ce calme est en vérité trompeur car Madagascar est encore loin d'être soumise. Duchesne a déclaré sur l'expédition de Madagascar « nous sommes allés à l'essentiel » en effet, l'expédition a rapidement gagné la capitale pour faire céder le pays mais il reste de nombreux groupes de résistance notamment au sud de l'île dans les régions occupées par les Bara.

·L'incurie française.
           
            Dès novembre 1894 des insurrections éclatent, elles ont un caractère antichrétien et xénophobe. Les représailles sont sanglantes et peu à peu de nombreuses régions de l'Imerina se soulèvent.  Madagascar est dangereuse, notamment du fait de bandes armées, les Fahavals, sillonnant l’île que le général Voyron, qui dirige la force armée restée sur place, ne parvient pas à mater. L’insurrection enfle rapidement : Laroche écrit ainsi le 14 janvier au ministre André-Lebon : «je crois par moment être dans une maison de fous. Je suis entouré de gens ayant perdu tout sang-froid ». Des bandes s’unissent pour former des corps plus important et dangereux. Les Merina investissent ces groupes et y infusent un idéal de liberté passant par l’expulsion des européens. Ces bandes revêtent alors symboliquement le rouge, la couleur royale de l’île, et se font connaître sous le nom de menalamba, « toges rouges » : ils rejettent le christianisme et se replient sur le culte antérieur des ancêtres et l’autorité des ombiasy, sorte de sorciers shamans. Evitant le centre de l’île ils se cachent dans les forêts et combattent les français en ayant recours à des techniques de guérilla. Ils sèment la terreur et brûlent des villages tandis que les 3 chefs français, Laroche, Bourde et Voyron forment un triumvirat en désaccord. Les rebelles profitent de cette incurie des autorités françaises.
            Laroche, de son côté fait en sorte que la circulation et la possession d’armes soit interdite sur l’île, et valide une loi taxant l’alcool, élément ayant commencé à imprégner l’île dans de grandes proportions et tenue responsable pour partie de l’agitation ambiante.
            Le 6 Aout 96 Madagascar devient officiellement colonie française, ce qui a pour résultat de renforcer la présence et l’action des menalamba. Ces derniers isolent progressivement Tananarive en encerclant la cuvette et en menant des raids de tous les côtés à la fois.
Ils sont cependant déçus par l’absence de coopération de la part des habitants de la région qui semblent s’être européanisés et qui se sentent étrangers au combat et à l’idéalisme archaïque des menalamba. De plus la force militaire française est concentrée dans la capitale, la transformant en véritable bastion.
            Entre 96 et 99 le pouvoir français fait donc face à une révolte d’importance, et généralisée. Et se révèle incapable de gérer la situation devenue intenable : le 16 janvier, le secrétaire général de Laroche, Mr Bourde, écrit « je sens le pays s’effondrer sous nous, l’insurrection ne cesse de s’étendre, elle aura gagné tout l’Imerme dans trois semaines et nous serons bloqués dans Tananarive : l’expédition de Madagascar sera complètement à recommencer ». C’est alors qu’en France on fait appel à un personnage qui va s’avérer crucial dans la reprise en main de l’île.




II. La pacification, instrument de la domination totale.


La seconde partie de l’exposé montre assez clairement une rupture des méthodes employées pour mater Madagascar, et surtout l’œuvre d’un homme, le général Gallieni.
Gabriel Hanotaux, le ministre français des affaires étrangères en 94 a dit au sujet de Gallieni, je cite « il a reçu une forêt insurgée ; il a rendu un pays tranquille et prospère ». La question c’est comment, par quel miracle a-t-il réussi là où ses prédécesseurs ont échoué ? Comme on l’a vu auparavant la situation n’est franchement pas brillante sur l’île en 96. On a donc décidé de faire appel à un homme de poigne, le général Gallieni. Celui-ci a déjà fait ses preuves, au Tonkin notamment, mais il ne connait pas Madagascar, ou mal. Lorsqu’il arrive le 9 septembre avec ses 7 000 hommes il prend la mesure de l’anarchie qui règne : en fait seul l’Imerme, autrement dit le centre de l’île et la capitale, transformée en bastion presque assiégé est encore sous contrôle français. Paradoxalement, le 17 janvier 96 le résident Laroche avait fait signer à la reine un traité cédant Madagascar à la France et le 6 Août 96 Madagascar était devenue officiellement une colonie française, pourtant dans les faits le pouvoir français n’a jamais été aussi menacé.

1) La politique de la tâche d'huile.
Gallieni est clairement un homme d’action, qui ne tolère pas qu’on se mette sur son chemin : il fait en sorte que Laroche soit limogé au plus vite : il écrit ces mots au ministère des colonies : « veuillez faire comprendre au Résident Laroche que je veux prendre en main tous les rouages de Tananarive ». Une fois Laroche renvoyé en France  il occupe désormais seul la tête de l’administration. Il va alors mener d’une main de fer la pacification, en prenant d’ailleurs de nombreuses initiatives sans rendre de compte à personne : les directives sont longues à atteindre l’île, et Gallieni n’est pas du genre à patienter et à rester inactif en attendant des instructions.

Sa manière de gérer la crise diffère complètement des procédés traditionnels, comme la stratégie employée par Duchesne consistant à mener de grandes opérations militaires très coûteuses en vies et aux résultats incertains. Je le cite : « la conquête doit être une pacification qui fait tâche d’huile, et la pacification une action à la fois politique, administrative et économique autant que militaire ». Dans le cas présent il faut même parler de reconquête.
Gallieni concentre d’abord ses efforts sur les menalamba. Ces menalamba sont comme on l’a vu les héritiers des fahavels, « pillards », ayant  reconsidérés leur position et cherchant à passer du statut de brigand à celui de rebelle. Ces bandes interlopes se sont unies pour former des corps plus important et dangereux. Les Merina chassés du pouvoir influencent ces groupes et donnent à leur combat une dimension nationaliste. Le combat que leur livre Gallieni est lent et méthodique : mais chaque région nettoyée est stabilisée de façon durable. Gallieni utilise des techniques héritées de Faidherbe, caractérisées par un désir de mieux comprendre les populations locales, et par un recours à une forme d’ethnographie calculatrice, il applique en fait la politique des races, un outil très utile.
Qu’est-ce que la politique des races ? Elle consiste à faire en sorte que l’organisation administrative des territoires épouse les contours ethniques. A chaque peuplade sa province avec ses chefs nommés et contrôlés : c’est notamment sur cette stratégie  que repose la tentative de sape de l’influence des merina qui jouent un rôle prépondérant et unificateur dans la lutte contre l’envahisseur français. Les gouverneurs locaux des régions agitées sont donc déposés, remplacés par des cercles militaires, des assemblées populaires et un gouverneur « coopératif » issu de la population locale.
Après avoir récupéré le contrôle de la cuvette de Tananarive et brisé l’étau des menalamba,
La lutte se concentre contre 2 frères, Rabézavane, ancien gouverneur de la province qu’il a soulevé, et son frère de lait, Rabouzake, soutenus par l’église protestante anglaise. Les menalamba s’épuisent : leur politique de terre brûlée finit par les affamer eux aussi, et l’absence de ravitaillement en armes et munitions les condamne à s’affaiblir inéluctablement.
Progressivement les axes de communication sont dégagés. Un mois après le début de la campagne, la capitale et le grand port de Majunga, dans le sud de l’île sont à nouveau reliés. Parallèlement l’est de l’île et l’ouest des hauts plateaux sont ratissés par l’armée. Le 29 mai 97, Rabézavane se rend, et cette reddition est instrumentalisée par Gallieni et tournée en grand spectacle au cours duquel il pardonne Rabézavane devant une assemblée nombreuse. C’est pour lui un moyen d’affirmer sa suprématie tout en se montrant clément pour s’attacher l’adhésion de la population.
Tout en poursuivant la traque des menalamba, Gallieni procède à une purge impitoyable des soutiens à la cause de la rébellion. Il fait supprimer la fonction de ministre de l’intérieur, arrêter Rainandriamampandry qui occupait la charge et le fait condamner après un procès bâclé : il espère ainsi frapper au cœur de la révolte en supprimant celui qu’il suspecte d’être au centre de la trame insurrectionnelle, mais surtout parce qu’il avait la sympathie des menalamba qui voulaient le placer  à la tête du mouvement : il tombe en quelque sorte victime de sa réputation et de sa popularité plutôt que du fait d’actes avérés.
Le 15 octobre 96, le ministre de l’intérieur et l’oncle de la reine, convaincus de haute trahison sont donc fusillés. Sont en outre déportées à la Réunion quatre hautes personnalités elles aussi soupçonnées de complicités avec les rebelles, dont un autre oncle de la reine. Cette politique brutale semble porter ses fruits et permet de rapidement pacifier le pays. Gallieni gagne aussi à cette occasion le petit surnom affectueux de Maziaki « le cruel ».

Au printemps 97 tout le centre de l’île est enfin pacifié. Pour compenser la faiblesse numérique de ses troupes et fixer une paix durable, Gallieni créé des milices locales de partisans qu’il fait armer pour que ces derniers puissent faire face par eux même aux incursions des insurgés. La politique des races, encore et toujours. Et c’est efficace.
9 mois après son arrivée, les hauts plateaux de l’île, la côte orientale et une partie de la côte occidentale sont finalement soumis, ce qui représente les 2/3 du pays. Le 4 avril de la même année, Gallieni reçoit un câblogramme du ministre André Lebon lui apprenant que la chambre des députés a voté à l’unanimité un ordre du jour approuvant la politique suivie à Madagascar : on semble donc très satisfait en France de la manière dont Gallieni a résolu la crise tout seul comme un grand sans demander de compte à personne.
Deux semaines plus tard, le 30 avril 97, les colons de Tananarive adressent également leurs compliments au résident général en ces termes : « Les colons français réunis aujourd’hui en assemblée publique sont heureux et fiers d’offrir à Mr le général Gallieni l’expression de la joie qu’ils éprouvent. Les colons saisissent avec bonheur et empressement cette occasion de renouveler à notre armée et à M. le général Gallieni l’hommage de leur reconnaissance et de leur dévouement ».

2) La francisation et la lutte contre l'influence britannique.
Mais la pacification selon Gallieni ne s’arrête pas là : « mon programme est fort simple : franciser Madagascar, saper l’influence anglaise, abaisser l’orgueil et la puissance houve ». Tout est résumé. Pour instaurer une stabilité durable et une vraie hégémonie sur l’île, vaincre militairement les menalamba ne suffit pas. La politique des races va une fois encore se montrer utile : pour citer Lyautey « l’action politique est de beaucoup plus importante : elle tire sa plus grande force de la connaissance du pays et de ses habitants ; s’il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des révoltes qu’il faut démêler et utiliser à notre profit ; en les opposant les unes aux autres ». Gallieni met donc à profit ses nouvelles relations avec les régions conquises pour s’attaquer aux Merina. Les merina, dont sont issus les monarques de l’île, et qui ont largement subit l’influence britannique étaient considérés comme la race supérieure de l’île, et la plus hostile à la colonisation : elle est dangereuse pour les intérêts français. On dresse donc contre elles d’autres tribus, comme les Sakalava, occupant les littoraux, le but étant de constituer « avec chaque peuplade un Etat séparé, administré par un chef nommé et contrôlé par nous » : c’est le système des « protectorats intérieurs » : ce procédé permet de confirmer l’effondrement du pouvoir des Merina au profit d’élites nouvelles.

Mais ce qui inquiète vraiment Gallieni ce ne sont ni les rebelles, ni les Merina, mais bien plutôt les alliés de ces derniers, en d’autres termes les anglais. « Mon gros ennui vient des anglais » écrit Gallieni, notamment des pasteurs anglais qui diffusent la haine du français dans la population. Selon Gallieni ils ont en fait pris « virtuellement la possession morale de l’île ».

Un problème de taille réside donc dans l’état d’esprit anglophile d’une bonne part de la population malgache, notamment la famille dirigeante, esprit développé par le biais de missions protestantes auxquelles le précédent résident, Laroche, ne s’était pas opposé, étant lui-même protestant. Cette force « virtuelle » est structurée par la London Missionary Society. Pour contrebalancer ces influences Gallieni établit une école neutre construite sur un enseignement officiel. La première de ces écoles est ouverte à Mahamasine et destinée à former les locaux à l’agriculture, au commerce, etc.  Il donne des directives claires concernant le français : « la langue française doit devenir la base dans l’enseignement dans toutes les écoles de l’île ».
Il mène une véritable guerre d’influence contre l’anglais, dont les hôpitaux et les écoles sont nombreux sur l’île : il réquisitionne ainsi l’hôpital anglais de Tananarive, construit sur un terrain cédé par la royauté en faisant pression sur la reine avec de révoquer cette donation antérieure. Il use du même stratagème pour déraciner les missions protestantes, confisquant les terres. La création de l’école le Myre de Vilers permet enfin de capter les élites en les formant à l’interprétariat ou à l’enseignement. Un pasteur anglais écrit « le résultat de ce grand effort a été considérable, et peut être dans aucune autre colonie la langue du conquérant n’a pénétré aussi vite et avec autant de vigueur dans la population indigène ». En 1904 le français est ainsi enseigné dans 668 écoles fréquentées par 66 700 élèves.

3) La consécration du pouvoir colonial : la chute d’un trône.
Les rebelles matés, le pouvoir d’influence anglais contrecarrée, Gallieni se tourne à présent contre le dernier grand symbole de la souveraineté malgache, la monarchie.
Duchesne avait fait exiler le premier ministre, Gallieni fait fusiller plusieurs personnalités, mais l’administration malgache n’a pas été complètement remaniée.
Gallieni va plus loin en 1897, il détruit le régime « féodal » en vigueur en supprimant les corvées et privilèges de la noblesse. Cette mesure permet de rallier ceux que Gallieni nomme les anciens vassaux à sa cause. Il détruit enfin intégralement le gouvernement et ne conserve pour l’assister dans la direction des affaires que l’ancien secrétaire du premier ministre, Rasanjy doté du titre de gouverneur général de L’Emyrne. Un pantin. Le coup de grâce, symbolique, va frapper la monarchie, déjà bien mal en point de l’île le 28 Février 1897.

Cela fait un bon moment que Gallieni guette la reine Ranavalona, cette dernière est à juste titre suspectée de ne pas porter les français en son cœur et de soutenir secrètement les soulèvements orchestrés contre l’occupant. La reine ne s’est jamais opposée directement à Gallieni, mais sur le plan symbolique elle incarne l’espoir souverainiste des rebelles. Gallieni passe finalement à l’action le 28 Février 97 : au milieu de la nuit la dernière reine malgache est destituée et forcée à l’exil : le 11 mars elle embarque à Tamatave et prend la direction de la Réunion. Symboliquement, la fête du bain, célébration de la royauté malgache, est supprimée au profit de la commémoration du 14 Juillet.
La ville de Tananarive, cité qui porte l’empreinte de la monarchie subit une métamorphose et se trouve transformée en centre du pouvoir de la République française. L’administration occupe donc symboliquement les anciens lieux de pouvoir, rassemblés dans la ville haute. Ce n’est pas un hasard si c’est là qu’on fera dresser le monument aux morts de la guerre 14-18. Le cœur politique et administratif de la capitale est lui-même transféré vers la Résidence de France construite en 1890. Avec le premier plan d’urbanisation de Tananarive, en 1925, l’urbanisme à l’occidentale se développera et repoussera la majeure partie de la population malgache dans les périphéries insalubres (sans qu’on puisse cependant parler de ségrégation officialisée). 

Conclusion.

La France a dû faire face à de nombreux obstacles pour venir à bout de Madagascar : distance géographique, climat propice aux maladies, tribus insoumises, monarchie hostile, influence britannique très marquée, et une mauvaise gestion de la première expédition ayant conduit à un véritable désastre humain. Cependant comme l’écrit Marc Michel la France trouve un « sauveur » en la personne du général Gallieni chevronné dans l’art de la pacification. En 1901 il a réalisé l’unification administrative et politique de l’île, abattu la monarchie, et réduit l’influence anglaise au profit d’une francisation énergique. Enfin pour marquer la soumission complète de l’île, il met en place une politique fiscale destinée à assurer l’autosuffisance financière de l’île : « L’établissement de l’impôt sur les populations récemment soumises constitue en effet l’affirmation du droit de conquête ». Aux antipodes d’un Duchesne qui disait être allé à l’essentiel, Gallieni a mis en place une politique coloniale efficace et complète : dans une note rédigée en 1901 il écrit : « la politique coloniale ne consiste pas à prendre ça et là, à conquérir et à assujettir sans suite et sans modèle. Une politique coloniale sait où elle va, elle a des vues, des théories, une philosophie, un idéal. Elle a une politique qui n’est ni l’assimilation, ni le refoulement, ni l’extermination. Surtout elle s’appuie sur des institutions qui donnent des garanties aux populations et une administration qui sert ses intérêts. » Il quitte en 1905 l’île rouge avec le sentiment d’avoir accompli sa tâche.
Ce n’est qu’en 1960 que Madagascar obtient enfin son indépendance. A cette occasion, un hommage tout particulier est rendu à Gallieni par la population reconnaissante, qui déboulonne la statue du général.



A partir de 1901 Gallieni fait également appliquer le code de l’Indigénat à Madagascar.  Ce dernier constitue en fait un ensemble juridique et règlementaire alternatif, puisqu’il ne concerne que les indigènes, revêtant un caractère répressif et permettant notamment l’application de sanctions collectives. Institué d’abord lors de la conquête d’Algérie.


2 commentaires:

  1. c de la grosse merde nn je deconne c parfait c justequ'il a trop de texte Ducoup on s'i perd vite continuez comme sa c parfait

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